Isabelle Robard est une avocate spécialisée en droit de la santé, auteur de nombreux rapports sur ces questions : « la santé hors la loi », « médecines non-conventionnelles et droit », « santé, mensonges et propagandes »… Ses travaux font références aux Parlements Européens, à la Chambre des représentants belge et à l’OMS.
Elle nous ouvre l’ esprit en parlant d’une médecine intégrative. C’est l’idée d’une médecine officielle et d’une médecine non-conventionnelle dans le respect l’une de l’autre. Et non pas dans la suprématie obligée d’un système officiel qui serait enclin à absorber l’autre.
Pour ma part, même si l’énergétique traditionnelle chinoise me propose une représentation du monde, de l’homme, de sa santé et de ses maladies qui me satisfait pleinement et surtout qui me permet d’être plus efficace pour soulager la souffrance, il ne me vient pas à l’idée qu’un savoir serait au-dessus des autres.
De nombreux pays occidentaux ont pris le taureau par les cornes et rendu la médecine traditionnelle chinoise universitaire, permettant l’émergence d’hôpitaux exclusivement dédié à la médecine chinoise. Leur priorité est d’élever le niveau de ce système de soins radicalement différent, original, unique et par essence non-concurrentiel avec notre médecine moderne. Une complémentarité enrichissante découle précisément de cette altérité radicale que propose la médecine chinoise.
Avec du courage nous aurions les moyens de suivre ce chemin dans notre pays.
Un état des lieux de la pratique de l’acupuncture vient d’être réalisé en Belgique par le centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) www.kce.fgov.bel. C’est une initiative qui permet d’ouvrir le débat. C’est avec le dialogue et la communication que nous pouvons mobiliser, activer la situation actuelle et apporter un changement fécond.
Cette étude explique qu’en Belgique nous faisons le choix d’homologuer la pratique de l’acupuncture aux médecins ou aux auxiliaires médicaux (kinésithérapeutes, infirmiers, ostéopathes,…), le praticien de santé accompagne sa discipline d’origine par des techniques d’acupuncture voire par d’autres méthodes non-conventionnelles (homéopathie,…).
Je n’ai pas l’outrecuidance de juger cela, je souligne simplement ce que l’enquête confirme: la non-homogénéité de cette pratique non-conventionnelle dans notre pays.
Ce qui ressort aussi: l’acupuncture est empruntée à la médecine traditionnelle chinoise mais celle-ci n’est pas représentée en tant que telle dans notre pays. La médecine traditionnelle chinoise est restreinte à l’acupuncture qui est elle-même parfois réduite aux indications et aux explications de la sciences moderne.
Le rapport dit qu’à l’heure actuelle il n’existe pas de validation externe de la qualité des différents cursus de formations proposées en Belgique. Et la question de la reconnaissance de la formation des acupuncteurs installés reste elle aussi sans solution.
Il me semble qu’il faudrait d’abord s’attarder sur cette question de la formation. En sachant que nos formations homologuées le sont à raison de 400 heures environ au lieu de 1500 à 2000 heures de formation que cette médecine serait en mesure d’attendre si on la considérait.
Isabelle Robard déclare: « la médecine traditionnelle chinoise est proposée à travers une fenêtre extrêmement réductrice », elle dénonce le »déni de médecine ».
Pour information: toutes les avancées de cette médecine ont été réalisées selon ses propres concepts et ceux-ci sont un gage indéniable de maturité en terme d’efficacité et avant tout de sécurité.
Mon rêve est que nous emboîtions le pas sur ce courant très dynamique qui existe dans ces pays ayant choisi l’application de la médecine traditionnelle chinoise d’un niveau universitaire et selon les sources classiques.
Cela nécessite un peu d’humilité pour reconnaître que cette médecine se suffit à elle-même et pour lui donner la place qu’elle mérite dans notre système de soins.
D’autres ont tracé le chemin, alors ne faisons pas l’autruche, nous pouvons le suivre dès maintenant.
Merci de votre attention.
Un explicatif sur ce qu’est la médecine traditionnelle chinoise et ce qu’elle n’est pas : osmc.fr
Merci aussi d’apporter vos réactions.
Vincent Thumelaire